Interviews



Sur une idée originale de Charles Gauthier
Entretien filmé par Charles Gauthier / Montage par Caroline Guth Mirigay
Reims 1998


Cette troisième séance est un peu particulière pour autant que nous avons souhaité témoigner de l’aspect constitutif et constituant de notre démarche en partageant un entretien de 1998 au long duquel Caroline Guth, agée de 23 ans, choisit de parler de la mort comme de sa vérité constitutive. Cet entretien filmé et mené par son oncle fait partie d’un projet original mené par l’artiste plasticien Charles Gauthier.


Charles Gauthier : Caroline le mot que tu as choisi est «Mort». Peux tu en parler?

La Mort ? C'est ce qu'on ne peut jamais oublier. C'est la première chose dont on prend conscience et qui nous frappe. Parce que dès qu'on en prend conscience,
on s’aperçoit que notre naissance porte notre mort. Du fait de naitre on va devoir mourir et on peut même mourir dès à présent. La vie n'a alors de sens que par rapport à la mort. S'il n'y avait pas la mort. Agir n’ aurait pas de sens même si la mort rend tout acte absurde. Il n'empêche que sans la mort, il n’y a plus d'actes. Je crois que la mort c'est la première chose qui m'a choquée dans mon enfance.
Quand j'ai eu 7 ans, juste après mon anniversaire, c'est là que j'ai vraiment compris ce qu'était la vie. J'ai commencé à prendre conscience que j'avais 7 ans, que le temps avait passé et que le temps à présent ne cesserait jamais de passer. Que très bientôt j'aurais huit ans, neuf ans, dix ans. Et d’un seul coup, j’ai vu ma vie défiler et j'ai compris qu’à partir de ce moment il fallait que je vive, que je commence à être vraiment moi et que je me crée une vie parce qu'il y avait la fin et que la fin arriverait plus vite que ce qu'on pensait.

Charles Gauthier : C'est cette notion de finitude qui te donne le sens de ta vie ?

Oui c'est parce qu’il y a une fin qu’il faut que ma vie ait un sens. C'est comme si on avait une chance. On nous permettait de jouer à un jeu et que quand on a une
chance de jouer, il faut jouer le tout pour le tout. La vie n’a pas plus de sens que ça étant donné qu'elle est mortelle. La vie c'est un peu comme quand on monte sur une scène de théâtre, la naissance c'est quand on arrive sur cette scène et
la mort quand on s'en retire et ça n'a pas plus de sens que ça. Alors on peut faire, on peut être qui on veut, on peut imaginer faire n'importe quoi. Même si on a toujours une contrainte morale, un devoir envers l’autre qui nous oblige. Mais
au fond quand on y pense à ce que c'est vraiment que la vie on pourrait faire n'importe quoi parce qu'elle n'a pas de sens. Je dis ça parce que forcément je vis dans une époque où Dieu n'existe plus. Le siècle passé on a dit que Dieu était mort ou qu’il n’existait pas et effectivement dans le coeur des gens Dieu est mort. L'homme vit dans un monde où l'homme est seul à décider, du moins c’est ce qu’on est poussé à croire. Et donc la vie n'est pas plus que cela, une pièce de théâtre.

Charles Gauthier : Tu me dis que finalement tu peux faire le jeu que tu as envie entre ces deux bornes. Comment te diriges tu par rapport à ce jeu ? Tu supposes et exprime une totale liberté entre ces deux bornes ?

Oui. Étant donné que je suis la seule à pouvoir trouver un sens à cette vie qui m’est offerte et que j'ai le sentiment qu'il n'est pas donné. Vu labsurdité, il vaut mieux donner un sens que ne rien donner et c'est ce qui me fait agir. Cest pourquoi j'ai choisi de faire ce que je fais actuellement et que j'ai envie de créer pour que, même si je sais qu'au fond ma vie n'a pas plus de sens pour autant, mais quau moins j'ai fait quelque chose et fait quelque chose pour l'humanité dont je fais partie aussi. Que ma vie aura été comme un tableau parmi tant d'autre. Mais un tableau si possible plus réussis, plus beaux, un peu plus magique.

Charles Gauthier : En prenant conscience de la mort, tu donne un sens à ta vie. En essayant d'en faire quelque chose ?

Oui et on peut rapprocher ça d'un désir d'immortalité, de laisser une trace. En fait c'est aussi parce que je refuse la mort que je veux créer du sens.

Charles Gauthier : Ce que je perçois c'est comment tu parles d'immortalité dans le sens que tu donnes à ta vie et en même temps tu nous dis que Dieu est mort.

Disons que ça ce n'est pas moi qui le dit. Les penseurs du dernier siècle ont dit que Dieu était mort et effectivement dans notre société qui croit encore vraiment en Dieu ? On sait bien qu'on a fait le saut et que les gens ne croient plus en Dieu. D'où le fait qu'on se console en consommant et qu'on vive dans des sociétés de consommation. Parce qu'on a de plus en plus conscience qu'on a que cette vie, celle qu'on a sur terre et qu'il n'y en a pas d'autre. Et c'est bien parce qu’on ne peut plus croire en Dieu. Il y a eu tellement de controverses. À force on a ruiné l’idée de Dieu.

Charles Gauthier : Et comment tu définirais ton sens de l’immortalité ?

La mort c'est quelque chose d'insupportable parce que c'est quelque chose qui est incompréhensible. Pourquoi faut-il mourir ? Se dire qu'on est là pour un temps c'est insupportable. Pourquoi faut-il que ça s'arrête ? Face à ça il n'y a qu'une solution, au fond pour vivre il faut se dire qu'il faut trouver un sens à cette vie que la mort nous retire et donc c'est arrivé à faire que notre vie, cette histoire qui est entre deux bornes, elle soit immortelle. Qu’elle soit comme un tableau, comme une oeuvre, comme une histoire qui se perpétue au travers de ses amis, de ses créations, au travers…. Je pense qu'un artiste, un écrivain ou un philosophe c'est ça qu’il cherche. Il cherche à arriver à donner un sens à sa vie. Et à donner un sens à la vie en général d'ailleurs. Disons qu’il espère que sa vie n'aura pas été inutile mais qu'elle aura servi et qu'elle servira encore pour ceux qui viendront ensuite. Elle leur servira peut-être à mieux vivre la leur, à prendre conscience. À mieux trouver leur plaisir dans cette vie, à devenir des hommes qui accomplissent, à développer leurs talents. Ces choses à leur faire à sentir malgré tout ce qu'on perd...quand on vit les sensations, les émotions nous apporte énormément de plaisir. Donc il faut savoir saisir ce plaisir, saisir cette émotion esthétique qu'on peut retrouver au travers aussi bien des plaisirs charnels que des plaisirs intellectuels. Pour rendre cette vie riche de sens précisément parce qu'elle en n'a pas. C’est toute la contradiction. C'est pour cela que la mort est ce qui est nécessaire pour vivre mais en même temps c'est ce qui nie la vie, ce qui rend la vie absurde. Il reste qu'il faut l'accepter, on est obligé de l'accepter et en même temps on ne peut pas s'empêcher de le regretter.

Charles Gauthier : Caroline, pour toi c'est toute forme de création qui te donne l'impression d'une possibilité de toucher à l'immortalité ?

Oui parce que je pense que c'est la mort qui donne un sens à nos actes et qui nous permet de créer pour dépasser cette mort. Je pense que si on a envie de créer, si on a besoin de créer c'est parce qu’on sait qu'un jour on ne sera plus et qu'on veut laisser quelque chose aux autres comme ceux avant nous. Autrement à quoi servirait la création si ce n'est pas pour qu'on soit là encore quand on est plus là ?

Charles Gauthier : Ce serait la création qui perpétue au-delà de la mort. Et comment tu peux cerner la mort réelle de l’individu ?

La mort réelle. En fait la mort, on ne la comprend pas, on ne peut pas la saisir. La mort on la ressent par l'absence, on ne ressent pas la mort en tant que telle, c’est un mot vide, c'est un mot ... On peut voir des images de mort physique mais on ne comprend pas ce que c'est que la mort. C'est pour ça qu'on a cru, qu'on a imaginé qu'il y avait des choses après la mort. Même maintenant qu’on sait … que l'on se résout à penser qu'il n'a rien après, on ne l'admet pas on ne peut pas imaginer un néant, le néant est inimaginable.

Charles Gauthier : Ce que j'essaie de comprendre c'est comment tu dis maintenant qu'on sait ? Comment tu peux définir ?

Je sais, je pense être obligé d'admettre, de vivre dans l'idée que … parce que c'est mon époque qui me fait penser qu'il n'y a rien après la mort. Donc après c'est la fin, c'est l'absence. Maintenant penser qu'il y a encore quelque chose après la mort ça paraît de la naïveté parce que c'est comme si on avait atteint un âge de maturité dans nos civilisations qui faisait que c'était des enfantillages de croire en Dieu. Nous avons comme dépassé cette époque. Et s'il n'y a plus Dieu c'est qu’après la mort il n'y a rien. C’est aussi confirmé par le développement de la médecine, toutes ces recherches qu'on fait pour arriver à allonger la vie c'est bien parce qu'on pense qu’après cette vie il n'y a plus rien sinon pourquoi chercher à l'allonger ? Et donc on essaie de faire vivre les gens plus longtemps comme si au fond il n’y avait que là qu’ils étaient présents et qu'après effectivement ils n'étaient plus rien. Je pense que notre époque semble ne plus accepter cette mort. On l’envisage comme une tare, comme si au fond la mort était notre imperfection. Ce qui nous empêche encore d'être des dieux et donc d'être éternels.

Charles Gauthier : Derrière ce que tu me dis il y a quand même cette quête de l’immortalité. Ce refus de la mort en quelque sorte.

Oui, le refus d'oublier et que la vie soit inutile, qu'elle n'ait pas de sens. C’est parceque la première chose qui m'a frappé quand j'étais enfant c'est de prendre conscience qu'au fond on vivait, souffrait, passait de la douleur ou au bonheur et tout ça pour rien. Ce qui m'a paru insupportable. J’ai pensé alors qu’au moins cette vie-là devait servir à dépasser un peu cette mort même si ce n'est au fond qu’une illusion. Les hommes jusqu'à maintenant ont réussi à vivre grâce à cet espoir.

Charles Gauthier : En quelque sorte c'est la mort qui donne le sens de ta vie ?

Oui parce que la mort je suis la redoute. Elle m'aberre parce qu’elle est injuste, c’est dur à admettre. En même temps je pense que la mort me fait fantasmer parce que je ne me vois pas ne pas mourir. Par ailleurs cette vie est dure donc elle ne peut être riche que parce qu'elle est courte et parce que cette souffrance et cette vie ne dure pas. Au fond il m'est souvent arrivé d’avoir envie de vivre mais d'avoir aussi envie que cette vie se finisse. Je voudrais arriver à un moment où je puisse me dire que je suis enfin prête à mourir et que je veux enfin cette paix. C'est en cela que mourir me fait « fantasmer », la mort c'est enfin la paix et pour toujours. L'absence de trouble. Il y a un côté désirable dans la mort. C'est enfin le repos, l'équilibre parfait. On a tous le désir d'enfin arriver à ce point d'équilibre. On est paisible et on arrête de se tracasser de toutes ces choses de la vie. On devient absent, c'est la paix. La mort, c’est le fantasme d’atteindre à ce renoncement ultime, cette paix en nous. Une fois que j'aurai donné un sens suffisant à ma vie c'est à dire que j'aurai oeuvré. J'espère être à ce moment-là prête à mourir parce que j'aurai passé mon temps. Je veux jouer ce rôle le mieux possible et ensuite accepter cette mort presque joyeusement.

Charles Gauthier : Tu nous parle de la création. Et toi justement quel choix tu fais
par rapport à ça, pour atteindre ta propre immortalité ? Ce mot création, justement quels engagements tu fais par rapport à cette valeur par rapport à la mort par rapport à cette non mort ?

Ce que je veux c'est parvenir à comprendre au mieux cette vie et me comprendre moi-même. Ce mystère que je suis à moi-même. Le mystère qu'est la vie. Arriver à comprendre ce qu'est l'homme au travers ma propre expérience. Et mon oeuvre sera d’arriver à comprendre et donc à éclairer ce mystère par ma propre expérience. Pour ensuite la traduire, la communiquer. Rendre la vie un peu plus lisible. Parce qu’au fond c'est l’essentiel... On est humain et humains conscients de notre vie et conscients de ce monde qu'on ne comprend pas. Parce qu'au fond ce qu’on comprend de ce mystère c’est ce qui surgit durant ce moment de conscience entre deux inconsciences, entre deux néants. C'est dur à dire car c'est quelque chose qui me frappe tellement que j'ai presque du mal à en parler. Oui, la création ce serait ça, arriver à comprendre ce qui me heurte dans cette énigme, ce qui m'empêche d’être en paix et ce qui m'empêche d'être prête à mourir. Parce que ce que finalement ce que je veux c'est être prêt à mourir. Mais je ne pourrais l’être que quand j'aurais cessé de m'interroger, d'être dans cette perplexité, dans cette incompréhension de tout ce qui m'entoure et de tous ces pourquoi qui me tournent autour. Je voudrais enfin me satisfaire et arriver à ne plus me poser de pourquoi, à me dire j'ai assez cherché et assez trouvé pour enfin pouvoir mourir.

Charles Gauthier : Comment as-tu approché dès le départ cette création. Petit à petit ? Qu’est ce qui t’a fait cerner la mort ? Et comment t’es tu donné des armes ?

En fait en prenant conscience de cette mort, j'ai compris qu'il fallait que je donne un sens à ma vie et que je crée quelque chose et donc que je devienne vraiment quelque chose. Et ça m'a qui plus est donné envie de le communiquer aux autres. En vieillissant, je me suis rendu compte que beaucoup de gens vivaient sans se rendre véritablement compte qu’actuellement ils vivaient et que la mort les attendait. Ils n'essayaient de se connaître vraiment et de vivre leur vie à eux mais qui vivaient plutôt selon les règles qu'on leur donnait. C'est quelque chose qui m’a choqué assez tôt. Car je me disais : mais ils ont une chance pourquoi est-ce qu'ils n'en profitent pas, pourquoi ils ne font pas et le plus qu'ils peuvent par eux-mêmes. Pourquoi ne deviennent-ils pas le plus qu’ils pourraient être ?
Et cela pour être prêt à mourir et ne pas être pris au dépourvu devant cette mort en se disant mais qu'est-ce que j'ai fait dans la vie ? Pour ne pas se dire au moment où l'on va mourir mais au moins ai-je vécu ? C'est à partir de ce moment-là que j'ai eu envie de créer en me disant qu'il fallait que moi ayant compris l'importance de la mort, j'arrive à le faire comprendre aux gens qui m'entouraient pour qu'enfin ils fassent et donnent un sens à leur vie. Pour qu’ils se bonifient qu’ils deviennent plus que ce qu’ils ne sont et qu’ils créent en n’oubliant pas qu'ils font partie de l'humanité. Donc il ne s’agit pas de tomber dans une frivolité, un libertinage ou une consommation à outrance.
Des formes de fuites que nous expérimentons à notre époque. Mais qu’ils vivent en liant le respect de leur humanité à leur propre personne. Qu'ils se rendent eux-mêmes meilleurs et leur vie plus signifiante. Loin de cette consommation où le plaisir sert à essayer de se divertir et qui nous fait oublier qu'au fond notre vie paradoxalement et malgré son non-sens premier a quelque chose de constructif. C’est aussi ça ma vision de la création, arriver à donner un exemple de vie et de pensée constructive. Peut-être est ce utopique de penser que c’est leur apporter quelque chose de bon mais je pense ainsi. J'ai envie d'apprendre aux autres à apprendre à mourir comme moi j'essaye d'apprendre à mourir. Voilà ce que serait mon sens in fine.

Charles Gauthier : C'est très réel, tu as vraiment cerné la mort. Quand tu me parles de la mort justement et de la création qui découle de ta sensation de la mort. C'est la mort qui t'a placée au coeur même de ta vie ?

Oui et c'est pour cela que la mort pour moi c'est quelque chose d'absurde et c'est quelque chose d'essentiel. Parce que je reste persuadée qu'au fond si je n'avais pas pris conscience de cette mort, je n'aurais pas eu véritablement envie de créer et de partager. C'est parce que je la vois. Je l'ai vue jeune d'une façon très lucide,
très claire.

Charles Gauthier : Comment ça t'est apparu en fait ?

Comme je l'ai dit au début, c'est assez comique car j'étais jeune. C'est à mes 7 ans que j'ai compris. Que j'ai compris que je vieillissais et donc je n’avais plus de temps à perdre que déjà j'avais 7 ans et que j'avais vécu sans m'en rendre compte. J'avais vécu sans m'en rendre compte, j'avais vécu juste en étant ce que je devais être et en suivant mes instincts, mes pulsions et mes goûts. Mais je n'avais pas la sensation de vivre vraiment en faisant des choix. Et à partir de là je me suis dit qu’il fallait que ma vie devienne cette unité, deviennent quelque chose de construit donc des petits pas qui embrasseront un grand pas. Et donc effectivement depuis mes sept ans, j'ai commencé à observer beaucoup plus le monde, à essayer de le comprendre, à essayer de voir ce que j'étais moi-même et comment je pouvais agir et analyser. Je me rends compte par là même que très jeune j'étais quelqu'un de très rationnel parce que j'avais été choquée ou parce que j'avais compris la mort ou inversement. Je ne sais pas mais très jeune, j'ai senti que ma vie n'était qu'à moi et que ce n'était qu'à moi de la créer parce que j'allais mourir.

Charles Gauthier : Comment tu peux en parler aux autres ? C'est quelque chose
dont on peut parler la mort ?

Oui disons que je sens le malaise qui peut se lier à la mort. Mais en général, je peux en parler parce qu’intuitivement je sens les gens à qui je peux en parler. Je rencontre des gens qui sont comme moi en train de se vivre. Qui plus est, j'arrive
à en parler parce que pour moi c'est tellement essentiel que l'on prenne conscience de sa mort pour faire quelque chose. Quand on a envie de quelque chose à condition que ce désir vaille la peine il faut passer à l'acte parce que la vie c'est cet intervalle qui permet à un désir de passer à l'acte. La vie de doit pas être subie, il importe de mettre en actes.

Charles Gauthier : Et quelle liberté face à la mort ?

Je me conquiers une liberté face à la mort. J'essaie de m'en créer une même si je ne suis pas libre face à cette mort. La liberté que je me crée c’est celle de vouloir que la liberté que j'ai face à la mort c'est cette vie, cet intervalle. Quand je vis je peux choisir librement de vivre. Cette mort ne m’enlève pas tout. Je pense créer en vivant du sens qui dépasse cette mort. Du sens qui se perpétue.


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